Retour réflexif

La période de crise sanitaire que nous avons traversée depuis mars 2020 a fait exploser les pratiques de formations (et d’enseignements) en distanciel. L’ampleur est telle que nous trouvons des retours d’expérience, des bonnes pratiques, des conseils pour animer sa classe virtuelle un peu partout. Karsenti (2014) propose une liste de 25 items à ce sujet. Ferone & Lavenka (2015) précisent que le distanciel a d'ailleurs tendance à créer une surcharge de travail pour l’enseignant, que le mode transmissif y est renforcé et que le programme est davantage suivi qu’en présentiel. Il nous semble important ici d’élargir notre réflexion sur les bonnes pratiques à une thématique de fond largement documentée de la présence à distance (Jézégou, 2010).

“La présence en e-Formation résulte d’une dynamique relationnelle médiatisée entre les apprenants, entre les apprenants et l’enseignant (ou le formateur) au sein d’un espace numérique de communication.” Jézégou (2020)

Pour que le sentiment de présence à distance puisse s’installer dans une formation en distanciel, il est important de s’appuyer sur les outils proposés par les plateformes numériques ou d’autres outils complémentaires. Cela implique que le formateur les connaisse, les maîtrise et que les apprenants les mobilisent à bon escient. Ils doivent donc être faciles d’utilisation. (Jézégou, 2019b, 2020). Le formateur sera le déclencheur de ces interactions numériques, ensuite, selon la dynamique de groupe, il devra la relancer, la cadrer ou l’enrichir. Jézégou, (2020) parle de relation sociale définit par trois types de présences différentes. La première étant la présence issue des débats qu’il peut y avoir entre stagiaires, c’est la présence socio-cognitive. La seconde est celle qui naît avec le travail collaboratif, de l’esprit de cohésion du groupe, elle parle de présence socio-affective. Enfin, la présence pédagogique est celle qui concerne les échanges entre le formateur et les stagiaires. Jézégou (2012) montre que cette présence sociale permet de favoriser l’apprentissage par la création d’une communauté d’apprentissage (Jézégou, 2010, 2012). Le stagiaire n’est plus seul devant son écran face au formateur, chaque membre de la formation est transposé dans un espace commun par la parole, les échanges et la collaboration. Ceci est dans l'alignement des conclusions portées par la théorie socio-cognitiviste de l’apprentissage selon laquelle, les interactions avec les autres permettent de mieux apprendre.

Dans cette idée, il semble alors important de pouvoir orienter les formateurs à faire participer les stagiaires, les faire collaborer et discuter tout au long d’une session à distance. Pour cela, le numérique peut devenir un appui important par l’utilisation de documents partagés, d’outils collaboratifs en ligne, de quiz à classement, ou tout simplement au travers du chat, de l'utilisation d'icônes, etc… Le partage d’écran d’un stagiaire qui réalise un exercice en collaboration avec les autres peut également être une façon de développer cette communauté d’apprentissage.